mardi 9 juillet 2013

Roubaix: Ouramdane Khacer quitte la présidence de l’Espace Culturel Berbère Européen

La FAL (Fédération des Associations Laïques de Roubaix) accueillait ce samedi après-midi l’assemblée générale de l’Espace Culturel Berbère Européen. Entretien avec le président démissionnaire, Ouramdane Khacer, qui expose les missions de son association qui rassemble des Berbères d’origines très diverses.

















Quel est le but de votre association ?
Ouramdane Khacer : « Notre association a construit son action dans le cadre laïque et agit dans le respect des principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’Homme. Nous demeurons attachés aux valeurs du respect, de la générosité et de la tolérance qui ont puisé leur source dans l’humanisme, la laïcité et la démocratie. Nous voulons faire vivre la culture berbère comme culture d’Europe et de la France. Mais aussi sensibiliser les Roubaisiens aux actions qu’elle entreprend dans les domaines de la culture amazighe (NDLR : berbère), de la laïcité, des droits de l’Homme et de la solidarité internationale. »

Quels sont vos objectifs ?
« Nous entendons lutter contre toutes formes de discrimination et accompagner l’intégration des Européens amazighs dans le cadre du droit français et européen, en harmonie et dans le respect de leur culture. L’espace berbère européen, « Afus deg wfus », entend faire de la différence des éléments qui nous rassemblent, un moyen pour renforcer le vivre ensemble. Nous défendons aussi les droits de la femme, en considérant que ces droits font partie intégrante des droits humains. À ce titre notre association soutient le combat des femmes amazighiennes du nord de l’Afrique. Chez les Touaregs par exemple, la femme jouit d’une grande liberté, d’une considération et d’un statut remarquable au sein de la société. C’est une société de type matriarcale et la filiation est établie par les femmes. Sa position lui vaut le privilège de transmission des biens. »

Pourquoi quittez-vous la présidence après toutes ces années passées à Roubaix ?
« Je vais rejoindre d’autres horizons plus ensoleillés que le Nord. Je vais me fixer en Aquitaine pour raison personnelle. Mais la succession est bien assurée. La reprise de la présidence par Dalida Chérigui sera soumise au vote de l’assemblée. Nul doute qu’elle saura faire de cette mission une priorité. On ne peut pas politiser la question des Amazighs alors que l’identité historique qui en découle appartient à tous les Amazighiens nord africains. La langue amazighienne constitue un patrimoine commun et a été la première langue naturelle de toute l’Afrique du Nord, pendant une grande période de l’histoire et est encore la langue maternelle de 40 millions de personnes. »

Publié le 02/07/2013

Par FRANCIS MUYLAERT (CLP)

« Les Berbères : au-delà des montagnes, des hommes »

Le 11 mai dernier, l'école INAS a organisé, au Centre Lajeunesse de Montréal, une conférence  intitulée " Les Berbères : au-delà des montagnes, des hommes " qui est animée par Djaffar Ould Abdeslam, maître de conférences à l'université de Haute Alsace (France) et vice-président de l'ACB68.
Avant le début de la conférence, le président d'INAS, Merzouk Yacine, a souhaité la bienvenue aux personnes venues nombreuses. Puis, il a présenté brièvement INAS et son activité principale, l'enseignement de tamazight (le berbère) et a annoncé, à cette occasion, la clôture de l'année scolaire 2012-2013 qui aura lieu le 9 juin 2013 et qui se fêtera par l'organisation d'un Méchoui et bien d'autres activités. Enfin, il passe la parole au conférencier après l'avoir présenté au public.

Le maître de conférences, Djaffar Ould Abdeslam, a choisi d'exposer les faits historiques avec un  procédé, plutôt captivant, qui est celui d'illustrations d'images de bustes lorsqu'il s'agit de personnages historiques ; de photos de vestiges archéologiques pour le repère des lieux de ville ou de bataille; ou encore de cartes géographiques qui correspondent aux grands événements historiques,  rendant ainsi la narration plus vivante.

Des îles Canaries aux oasis de Siwa, de Chachnaq 1er, fondateur de la 22e dynastie égyptienne, à la révolte des Mokrani en 1871, le conférencier a voulu mettre en avant les hommes berbères les plus marquants de différentes époques historiques et particulièrement la période antique étant méconnue. Il a mentionné  « les empereurs de l'antiquité Septime Sévère, Caracalla et son frère Geta, Macrin ; l'écrivain Apulée ; les papes Saint Victor 1er, Saint Miltiade, Saint Gélase 1er, l'écrivain et théologien Tertullien, Saint Cyprien et l'un des quatre pères de l'Église latine Saint Augustin ». De même, il a évoqué les incontournables rois et hommes politiques berbères qui ont gouverné l'Afrique du Nord notamment l'unificateur de la Numidie le roi Massinissa et sa descendance les rois Micipsa,  Hiempsal, Adherbal, Jugurtha, Juba 1er ou l'homme de science et de lettres Juba II ; puis, le général carthaginois Hannibal et sa stratégie de guerre utilisée contre Rome.
 
Les lieux ont eu également leur droit de citer notamment les villes qui ont été des capitales de royaumes ou de dynasties. Toujours avec illustrations, il a nommé « Cirta (Constantine), Carthage (Tunis), Saldae (Béjaia) ou Timgad (Batna) patrimoine mondial de l'humanité et la 2e cité  antique des plus conservées au monde après Pompéi (Italie) » a-t-il dit.
       
Ce retour dans le passé a révélé à plus d'un titre des informations historiques qui étaient jusqu'alors réservées aux initiés. Le public, dont les Québécois, était captivé par l'exposé du jeune maître de conférences. Ainsi, en espérant que le regard porté sur l'une des premières civilisations de l'humanité passe par une lentille régulatrice et correctrice.
 
Saliha Abdenbi