mercredi 16 janvier 2013

Imazighen de Libye : la marche vers la souveraineté !




Imazighen de Libye ne sauront accepter une autre Constitution que celle de l’égalité, de la justice et des droits. Ils appellent à la sagesse et à la rationalité pour éviter des malentendus qui peuvent   coûter cher à la Libye.
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Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2011, une démonstration exemplaire fut organisée à Tripoli. Avec un congrès ayant rassemblé plus de 4000 personnes, suivi le lendemain d’un rassemblement de 300 000 personnes à la Place des Martyrs qui s’est vue inondée des couleurs des drapeaux amazighs comme jamais vu ailleurs. Imazighen de Libye avaient alors réussi un exploit. Avec la célébration du nouvel an amazigh, Yennayer 2963 (2013), qu’ils ont par ailleurs proclamé le 31 décembre 2012 jour férié à travers l’ensemble des régions amazighophones, Imazighen de Libye ont pris rendez-vous avec l’Histoire.
C’est en effet, en ce 12 janvier qu’a eu lieu le Forum des droits constitutionnels des Imazighen de Libye. Ledit Forum qui s’est tenu à l’hôtel Rixos au siège du Congrès général national libyen (Parlement), est organisé par les Conseils locaux des régions amazighphones. De nombreux invités sont venus de par le monde. Étaient présents le président du Congrès général, d’autres membres du Congrès ainsi que des membres du gouvernement libyen. Des représentants des différents partis politiques libyens et nombre de délégations étrangères notamment des ambassadeurs et des représentants de l’Union européenne ainsi qu’une délégation des Nations Unies étaient de la partie. Il y avait aussi des Imazighen venus de différentes régions de Tamazgha.
La tribune réservé aux interventions lors du forum est encadrée par deux drapeaux ; un libyen et un amazigh. Sur les côtés aussi étaient déployés des drapeaux amazighs et libyens. C’est dans ce décor que l’ensemble des intervenants ont pris la parole après avoir écouté l’hymne national libyen en arabe et en tamazight. Parmi eux, le président du Congrès général national libyen, Mohamed Maqrif, qui s’est déclaré favorable à l’officialisation et la reconnaissance de Tamazight dans la Constitution libyenne ; position qu’il a eu déjà à exprimer en novembre 2012 à Jadu à l’occasion du Festival Tafsut. Des membres du gouvernement, des représentants de nombre de partis politiques libyens se sont succédé à la tribune pour s’exprimer au sujet des droits constitutionnels des Imazighen de Libye.
A la clôture de ce Forum, une déclaration fut lue par Tarik Attouchi, Président du Conseil local d’At-Willul (Zouara), au nom de l’ensemble des présidents des Conseils locaux des régions amazighophones ainsi que les membres du Congrès général représentants les régions amazighophones. Il a été annoncé la mise en place du Haut Conseil des Imazighen de Libye (HCIL) qui sera désormais le cadre qui va rassembler l’ensemble des Imazighen et qui sera la direction unifiée de leur action pour la réalisation de leurs droits.
Le Haut conseil des Imazighen de Libye est une organisation qui a pour mission de prendre en charge les affaires politiques des Imazighen de Libye. Dans leur déclaration, les Conseils locaux des régions amazighophones et les représentants de ces régions au Congrès général national libyen, ils ont ont annoncé un certain nombre de recommandations en direction des rédacteurs de la future Constitution de la Libye. Ainsi, ils souhaitent que le préambule de la Constitution soit rédigé dans l’esprit de la révolution libyenne, qui a pour objectif de passer d’un État d’exclusion et de marginalisation à un État d’égalité entre les citoyens dans tous leurs droits et leurs devoirs. Pour eux, l’État doit être un véritable État de droit qui fera régner la démocratie et les droits de l’Homme. Ils aspirent à un État de liberté, de dignité et de justice sociale.
Ils recommandent que soit stipulé dans le corps du texte constitutionnel que l’identité libyenne est l’identité de l’État libyen, avec sa profondeur amazighe enracinée et tous ses affluents civilisationnels et culturels successifs. Aussi, le texte constitutionnel doit contenir l’engagement pour la visibilité de cette identité dans tous les slogans de l’État et ses symboles de souveraineté comme le drapeau, l’hymne national, la monnaie, les documents d’identité, les timbres postaux, les manuels scolaires, l’information,…
De même, la Constitution libyenne, pour Imazighen, doit stipuler que "la langue amazighe est une langue officielle de la Libye et qu’elle est égale avec les autres langues officielles dans sa valeur auprès de tous les Libyens". Laquelle Constitution doit également stipuler la nécessité de la mise en place d’une loi organique qui déterminera les conditions de l’intégration de la langue amazighe dans les domaines de la vie publique de l’État libyen afin de garantir sa protection juridique et pour concrétiser son officialisation. Enfin, pour eux la Constitution libyenne doit absolument réhabiliter la doctrine ibadite en instituant le droit de sa pratique légale.

Les Conseils locaux des régions amazighes, organisateurs du Forum des droits des Imazighen de Libye, ont tenu à s’exprimer ouvertement et sans tergiversation. Ils n’attendent aucune faveur particulière des institutions de l’État dans la mesure où leurs demandes sont un droit naturel et inaliénable. Ils ont tenu à préciser publiquement devant toute l’assistance et à l’adresse notamment des autorités légitimes de la Libye, prenant l’opinion et certaines institutions internationales pour témoins, que la Constitution que les Berbères respecteront et reconnaîtront sera celle qui les reconnaîtra et qui mettra tous les Libyens sur le même pied d’égalité. Cette Constitution-là, Imazighen s’engagent à la protéger et à la défendre corps et âme. En revanche, ils avertissent et déclarent qu’une Constitution qui ignorera leurs recommandations et qui ignorera Imazighen et leurs droits ne sera pas reconnue par ces derniers et n’aura aucune légitimité sur eux. Ils rajoutent qu’aucune institution souveraine basée sur une telle Constitution ne les représentera et ils ne se soumettront à aucune autorité qui s’appuiera sur une Constitution exclusive de l’amazighité.

Autant dire qu’Imazighen de Libye n’ont plus de temps à perdre et ne sont pas prêts à attendre davantage pour qu’ils exercent leurs droits légitimes sur leur propre Terre. Ils ne sont pas prêts, et ils l’ont dit dans leur déclaration, à s’épuiser et sacrifier leurs vies et l’avenir de leurs enfants pour répéter et détailler éternellement leurs droits naturels et inaliénables.
Tout laisse à penser qu’il s’agit là de l’ultime avertissement lancé par Imazighen de Libye aux tenants du pouvoir et de la décision politique. Déjà qu’ils ont pris nombre d’initiatives de manière unilatérale en faveur notamment de la langue amazighe, mais si les nouvelles autorités libyennes s’engagent dans la voie des autorités de transition conduites par Moustapha Abdouldjalil, un ancien collaborateur de Kadhafi, le conflit sera ouvert et Imazighen ne semblent pas être prêts à négocier quoi que ce soit concernant leurs droits.
Décidément, Imazighen de Libye ne cessent de nous étonner agréablement et de nous donner des exemples à suivre en matière de lutte pacifique pour la libération nationale.

Masin Ferkal.


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